Je suis spécialiste en deuils. Croyez-moi, j’en connais un rayon. Tant, il y en a tant eu que j’ai renoncé à enregistrer les dates. Insupportable mémoire. Commencer, finir. Bonjour, bonsoir, sans fin, jusqu’à ce que ce soit notre tour. Disons seulement que Marion, mon amie, est morte il y a environ trente ans. Elle était sœur de Hunter Davies et belle-sœur de Margaret Forster, écrivains anglais renommés.
Quand j’ai appris la mort de Marion, je m’étais mise à écrire ces deux ou trois choses que je savais d’elle, cet Hiver au pays des lacs. Et voilà que le compte-rendu difficilement supportable de ses derniers moments par Margaret Forster m’incita à revenir sur ce texte qui dormait dans mes tiroirs. Pourquoi ne pas, à mon tour, m’immiscer dans ce jeu de construction complexe, de confrontations de regards ?