Courte critique d'un livre que j'ai beaucoup aimé.
Venise l’hiver, la pluie, les brumes, les algues sur les pierres, le ciel blanc, la neige, les ombres noires des pieux dans l’eau, la nuit, le silence. Au milieu de cet univers liquide une pension de famille et une échoppe qui ressemble à une grotte pleine de livres. La douleur d’une rupture l’a conduite ici sans raison précise, simplement pour être ailleurs, marcher, fuir Noël. Mais ce vide qu’elle ressent devient le véritable instrument d’une attention très particulière aux personnages improbables qu’elle rencontre. Dans la pension, Il ya a Luigi, le tenancier, Carla et Valentino un couple d’amoureux, mais surtout Le Prince. Il est Russe, âgé, rugueux, en fauteuil roulant et une tendresse basée sur une extraordinaire finesse de compréhension mutuelle va les lier. Au dehors il y a le libraire et l’éventualité d’un amour : « Vous me regardez. Ca dure… Je ne sais pas. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais un regard comme ça. Que ça nous prenne, que ça nous garde et que ça nous enterre tous les deux. » . Et plus loin : « On est dans cet avant de l’intime. Avant qu’on se touche. Avant qu’on se jette. Avant. Je ne sais pas. […] Je l’ai aimée cette envie là. Avec tant d’hommes. Ce moment brûlant d’avant la peau. Ce moment du désir. »
Ce désir, il accompagne toute la lecture, il nous met dans l’attente. Et puis il y a la ville, les cafés, les chats, les iles, les vaporetto, le peintre Zoran Music… Un livre rare sur le regard et l’attention aux autres.
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