Avatars

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Patrice Malavieille

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La serveuse s’appelait « Sally » comme l’indiquait un petit badge agrafé sur son énorme poitrine. Elle déposa sur la table l’assiette de pancakes et la tasse de café. Elle repartit après les mots d’usage avec une célérité que n’aurait pas laissé supposer son embonpoint. La grande baie vitrée du Blue Bottle Café donnait directement sur le pavillon situé au 103 Berry street dans Brooklyn.

Poste d’observation idéal, nul besoin de rester dans le froid pour vérifier les allées et venues. Si j’avais de la chance, il ne me faudrait plus longtemps pour découvrir ce demi-frère que j’avais quand même eu du mal à dénicher. Ce salaud avait changé trois fois de domicile. Pas étonnant que la lettre du CECOS n’ait pas suivi. Je n’aurais pas été surpris qu’il ait des choses à cacher pour avoir ainsi la bougeotte.

Plus d’une heure à regarder sans que rien ne se passe dans le pavillon. J’étais pourtant arrivé tôt, mais je commençais à craindre que ma journée ne soit un échec et je me perdais en questions qui, pour le moment, étaient sans réponses. Plus vieux ou plus jeune que moi ? Combien de temps conservaient-ils le sperme au CECOS ? Et quelle tête pouvait-il bien avoir ? Me ressemblait-il ? Je craignais que oui. Et comment l’aborder ? Salut, je suis ton demi-frère… Il me prendrait pour un dingue ! Non, d’abord le suivre, savoir ce qu’il faisait, où il allait, quel resto il fréquentait… Il fallait le sentir ce frangin.